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Dans la nuit #1

Il pleut des livres, c’est la panique.

Personne ne sait d’où ils viennent, qui les fabriquent, ni comment tout cela a commencé, mais voilà. Un beau matin, le sol était jonché de livres trempés.

Des livres toutes sortes, de toutes tailles, des livres d’art, des livres policiers, des livres de l’espace, des livres pour WC. Ce n’était pas la faute des météorologistes, encore moins celle des femmes-troncs qui, elles, avaient au moins la bonté de prévenir des averses.

Alors qui, alors quoi, alors comment ? Le monde s’en foutait, mais royal, la vérité scientifique, très peu pour le monde, non merci, next ! Le monde blâmait les fabriquant de parapluie qui n’étaient pas assez solide pour supporter les chutes de livre. Alors quoi ? Alors combien ? On vociférait sur les plateaux télés, on invectivait de qui de droit, personne et tout le monde à la fois. Des gens gagnaient du galon pour leur colère, d’autres en gagnait pour leurs appels au calme. Alors qui, alors quoi, alors combien ?

Sur les ondes, dans les télés, sur les écrans de smartphone, partout s’affichait le nombre d’accident, le nombre de mort et la même question : y-aura-t-il un vaccin pour Noël ? Et combien de mort encore par la chute d’un Beigbeder ou d’une anthologie sur Kokoschka ?

Puis les humoristes sont arrivés, ils ont débarqué avec leurs Scholl d’avant la pluie, avec leurs façon de marcher qui ne laisse aucune empreinte dans le sable. Ils ont dit des trucs. Des centaines d’humoristes qui disent la même chose, c’est tordant. Pis c’est pas si facile, surtout sans coordination, surtout sans savoir ce que l’autre va dire.

Le dira-t-il mieux, le dira-t-il autrement, le dira-t-il bêtement ? C’est de la haute voltige, tous ces humoristes qui disent. En se prenant au sérieux.

C’est corrosif le sérieux, ça ronge les parapluies, c’est pas comme la pensée, qui, elle, laisse des traces. Le sérieux, ça moribonde une soirée, avec ou sans livres, ça enflamme les esprits, ça rends les gens aussi vénères que si on les frappait avec des livres de façon inopinée et de façon répétée. Y a de quoi rendre fou. Y a de quoi le devenir.

Non, j’avais définitivement besoin de légèreté, de repos de l’âme et de l’esprit, de petites bulles savonneuses virevoltant autour de moi à chaque mouvement de bras. J’avais besoin de détente. Rien à base d’alcool. J’ai branché Disney+.

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