Cela commence très bien. L’atmosphère est posée, le mystère distillé, l’héroïne torturée. Très torturée. Trop torturée ?
Au-delà du traumatisme classique dans les thrillers (une ex enquête
particulièrement difficile et non résolue), les 100 premières pages
du roman construisent et présente l’héroïne comme la somme
d’angoisses plus ou moins importantes, plus ou moins handicapantes.
Elle ressemble aux mères qui cessent instantanément de vivre dès que leurs enfants passent le seuil de leur porte en imaginant tout ce qu’il pourrait arriver de pire. Et pas juste le pire, mais le pire du pire. Et agissent en
conséquence, juste au cas où. Au
bout d’une cinquantaine de pages, je me suis demandé pourquoi je trouvais l’héroïne agaçante. La question me projetant dans des
abysses d’introspection, j’ai préféré couper court et poursuivre la lecture.
Bien m’en a pris. Le thriller est très bien mené, il vous mène par le bout du nez et l’écriture, entre désinvolture et sentiment d’urgence, est une réussite.
Coup de pelle d’Alice Pol, aux éditions Robert Laffont
Les premières lignes donnent le ton. Il s’agit ici d’argumenter, de prouver, de montrer que la police n’est pas ce que l’on croit et que notre foi en elle, nos croyances ont été patiemment distillés tout au long de notre vie par le cinéma, les livres et j’en passe.
Le premier constat que dresse Gwenola Ricordeau, en tout cas le premier qui m’a marqué à la lecture du livre, est que la police est inefficace. Le second choc du livre est de se rendre compte que la police fait, au final, exactement
ce pour quoi elle a été créée. Non pas protéger la population, mais protéger l’état, protéger un ordre colonial et permettre aux nantis, riches et bourgeois de conserver leurs avantages. On parle ici de racisme systémique, visant en priorité la population non blanche.
Sous la direction de Gwenola Ricordeau donc, le texte donne l’occasion à différentes luttes de dresser un état des lieux. Queer, psychiatrie, femmes, la lecture est dense, sourcée et efficace. On referme le livre avec une certitude. Il y a un gros problème dans les rangs des policiers du monde entier.
1312 raisons d’abolir la police, sous la direction de Gwenola Ricordeau aux éditions Lux